Il existe principalement deux méthodes pour mesurer le rôle d'une cause spécifique, comme le Covid-19, sur la mortalité dans une population :
- La méthode directe, individuelle,
- La méthode indirecte, écologique.
Ces deux méthodes sont utilisées par SpFrance aujourd'hui dans son évaluation de l'impact sanitaire, présenté dans son point hebdomadaire. Cette note vise à décrire brièvement ces méthodes.
Cette méthode s'appuie sur les données recueillies et traitées par le CépiDc.
Elle consiste à identifier le rôle de cette cause pour chaque décès.
Cette identification est sensible à l'acteur faisant cette identification, au format sur lequel il la déclare, et au traitement de la donnée issue de cette déclaration. Pour garantir une comparabilité internationale des données, la France respecte les recommandations de l'OMS inscrites dans la Classification Internationales des Maladies (CIM, dixième révision appliquée depuis 2000 en France). Ainsi chaque décès en France doit faire l'objet d'un certificat médical renseigné par un médecin, suivant un format conforme à la CIM. Il est ensuite possible de dénombrer toutes les causes mentionnées sur le certificat de décès, on dit qu'elles ont contribué au décès. Ce dénombrement considère toutes les causes sur le même plan et ne distingue pas le rôle du Covid-19 entre un sujet très poly-morbide et un sujet sain (sauf à appliquer une méthode avancée). Pour simplifier l'analyse statistique, les règles internationales de codage permettent d'en retenir une unique qui sera considérée comme prépondérante, à l'origine du processus morbide ayant conduit au décès. Cette cause sur laquelle doit pouvoir porter l'effort de prévention pour éviter le décès est appelée la cause initiale de décès.
Avantage
La méthode directe permet de faire des travaux précis à l'échelle des individus et de distinguer les conséquences directes et indirectes de la crise du Covid-19.
Limite
La méthode directe est dépendante de la qualité de la certification des décès, et en particulier du niveau de connaissance du cas par le médecin certificateur (qui pourra déclarer un Covid-19 suspecté, par exemple s'il certifie un décès au domicile du patient sans connaitre précisément le tableau clinique).
Cette méthode s'appuie sur les données d'état civil recueillies par l'Insee.
Elle consiste à comparer le nombre de décès observé dans une population exposée (à la crise du Covid-19 dans le cas présent) à ce qu'il aurait été en l'absence de cette crise.
Pour connaitre ce deuxième nombre, le nombre de décès attendu, on doit recourir à des modèles statistiques faisant des hypothèses de régularité. Typiquement dans le cas du Covid-19, on calculera cet attendu en prolongeant les tendances temporelles de la mortalité par âge et sexe, en l'absence de grippe fortement circulante ou de conditions météorologiques défavorables, sur les zones géographiques et les moments de la saison comparables, comme le fait le consortium Euromomo.
Avantage
Cette méthode présente l'avantage de ne pas être limitée par un diagnostic individuel incertain et parfois multifactoriel (par exemple pour une exposition aux conséquences cliniques peu spécifiques ou identifiables comme la canicule ou la grippe).
En l'absence de besoin de données médicales, le temps de traitement de la donnée est plus rapide.
Limite
Cette méthode ne permet d'identifier l'effet spécifique de l'exposition que si elle est discernable de facteurs concomitants. Ainsi, dans le cas de la crise du Covid-19, le nombre de décès directement imputable à la maladie sera difficile à discerner de l'effet indirect du à l'engorgement des services de santé, ou à l'absence de recours au soin par crainte d'une infection. De même, l'effet du confinement, possiblement favorable sur certaines causes de décès comme les accidents de la route ou les décès dues à la pollution atmosphérique, peut complexifier l'analyse.